Le prophète Mahomet

 

et la naissance de l’Islam

 

 

 

 

 

 

S’il y a un fait d’importance capitale pour l’histoire mondiale qui, de l’esprit de l’homme médiéval, s’est transmis jusqu’à nous, celui-ci est sans doute la naissance de l’Islam. D’importance religieuse, parce que naît une religion nouvelle ; d’importance sociale, pour l’identité qu’elle transmet aux tribus nomades et aux clans épars dans le désert de l’Arabie Saoudite ; d’importance politique, avec des conséquences énormes, sur le plan des rapports avec l’Europe médiévale ; d’importance commerciale, parce que la Méditerranée est définitivement scindée en deux dans le sens de la longueur. L’Islam, en effet, répandra son influence religieuse et politique à l’Ouest sur toute l’Afrique du Nord, et à l’Est, vers l’empire Perse et Indien. Et last but not least, d’importance culturelle, laquelle peut-être, dans le contexte de ce site, est celle qui nous intéresse le plus. La philosophie scolastique fut en effet influencée de manière très importante par la pensée des philosophes de l’Islam, qui ont été décisifs dans l’introduction de concepts nouveaux et de nouveaux modes de raisonnement sur la foi. Un homme comme Saint Thomas d’Aquin, à savoir la plus grand des théologiens catholiques, n’eut pas peur de la confrontation philosophique avec les Islamisants, et donc moi aussi, bien que catholique, je veux chercher à raconter cette histoire, qu’en réalité peu d’occidentaux ne connaissent autrement que pour des raisons d’étude, comme dans mon cas, ou de contact direct, avec les Immigrés et avec les pays où l’Islam est la religion principale ou religion d’État. Le reste des connaissances est confié aux masses médias occidentales, qui tendent souvent à banaliser et schématiser ce qui est de toute manière l’histoire d’une grande civilisation.

En rouvrant les livres de l’examen d’Histoire médiévale des Pays Islamisants et en étudiant la naissance et le développement de cette religion, ce qui m’a tout de suite frappé c’est le lien qu’elle entretient avec l’esprit de l’homme du Moyen-Âge. Celui-ci ne connaît pas « d’État laïque », comme nous sommes habitués en Europe après la Révolution française. À savoir que la religion dicte souvent les normes juridiques de comportement social, même en dehors des rites religieux qu’elle effectue, raison pour laquelle la loi morale religieuse s’identifie souvent avec la loi civile. C’est une des caractéristiques de l’Islam, où loi religieuse (Shari’a) et loi civile coïncident presque toujours : c’est pourquoi dans les Pays arabes, l’Islam est religion d’État. Et l’Islam, si nous voulons l’expliquer avec nos mots, dans le cadre de cette histoire des religions, se présente essentiellement comme une religion basée sur la loi. Mais où naît l’Islam ?

Pour comprendre au moins quelque chose, nous devons nous tourner bien loin en arrière dans le temps, vers cette période à cheval entre le Vème et le VIIème siècles. C’est à cette période que se déroule la vie brève du Prophète Muhammad (La Mecque 570 – Médine 632). Le contexte est donc celui de l’Arabie Saoudite actuelle, et géographiquement de la Péninsule arabique. Une péninsule traversée par le Tropique du Cancer, désertique en mainte partie et avec peu d’espace pour l’agriculture. Le contexte social médiéval est donc constitué de clans et de tribus semi-nomades, qui vivent du commerce entre l’Égypte, l’Afrique Orientale, l’Empire romain d’Orient au Nord-Ouest et à l’Est, l’Empire sassanide (persan). Les clans et tribus s’auto-gèrent de manière démocratique, avec un conseil des plus anciens et des personnes les plus en vue, lequel conseil prend les décisions sur la vie du groupe. Ces clans pratiquent une religion naturelle, polythéiste, qui voit des divinités présentes dans les oasis, dans les arbres, dans les pierres. Mahomet fait partie d’une famille de commerçants, et lui aussi s’occupe des trafics commerciaux au long des voies du désert arabique. Dans ses voyages, il entra en contact avec les religions monothéistes présentent en Arabie, à l’occasion de quoi il entre au service d’une riche veuve, Khajdija, qui deviendra son épouse par la suite, en lui donnant quatre filles et deux fils, qui moururent en bas âge. Ayant retrouvé la sécurité économique et avec l’encouragement de sa femme, il est poussé à une recherche spirituelle plus intense. Et en 610, à quarante ans, durant le mois de Ramadan, selon le calendrier lunaire arabe, il commence à recevoir une série de révélations angéliques. L’Archange Gabriel le pousse à devenir messager d’Allah, selon la tradition rapportée par le livre saint du Coran. Ensuite il commence à prêcher le retour à une religion monothéiste, basée sur la foi dans le Dieu unique (Allah en arabe). La sourate du Coran est célèbre qui rapporte sa vocation.

 

 

« Le 27 du mois du Ramadan de 611, alors que j’étais en méditation, j’ouis une voix. Épouvanté, je dis : « Qui est-ce ? » « Récite ! » dit la voix. « Je ne suis pas de ceux qui récitent » répondit Mahomet. Il se sentit saisir et forcer et ensuite lâcher. « Récite ! » dit encore la voix. Il fut de nouveau contraint et pour le troisième fois la voix dit « Récite ! ». « Que dois-je réciter ? » Répondit-il. « Récite ! Au nom de ton Seigneur qui a créé : il a créé l’homme d’un caillot de sang. Récite ! Personne en effet n’est généreux comme ton Seigneur. C’est lui qui a enseigné à utiliser la plume, il a enseigné ce que l’homme ne savait pas »

(XCVI, 1-5).

 

Mahomet récita et devint l’envoyé de Dieu. Dans sa prédication, Mahomet se réclame de l’antique vocation d’Abraham, lequel avait eu un fils de l’esclave Agar, Ismaël, dont les descendants seraient justement le peuple arabe. Mais les Juifs ont trahi l’antique vocation des Fils d’Abraham et du peuple élu, et les Chrétiens, en croyant à la divinité du Christ, ont failli à la pureté absolue de la foi dans le Dieu unique. Donc la prédication de Mahomet est imposée comme un retour à la pure foi monothéiste, dont lui est apôtre et messager. La foi dans l’unique Dieu (Allah) et dans la mission de Muhammad, son prophète, est à la base de la profession de foi islamique (Shahãda), et c’est le premier de ce qu’on appelle les « Cinq piliers de l’Islam ».

Diverses années de prédication à la Mecque n’eurent cependant pas beaucoup de suite. Au contraire, le prophète et ses partisans commencèrent à attirer l’hostilité  des habitants de la ville et de ses plus grands représentants. À tel point que Mahomet et ses plus fidèles, au moyen de divers stratagèmes, fuirent vers Médine (622). Cette échappée (Égire) marque le commencement officiel de l’Islam. À Médine, en effet, Muhammad conclut un pacte avec les clans et les familles présentes, qui est communément appelé la Constitution de Médine. Ce pacte établit donc la formation de la Umma, la première communauté politico-religieuse de l’Islam. Par une série d’opérations militaires  et de batailles il parvint donc à renforcer sa position et celle de la communauté (Umma) et il put rentrer en victorieux à La Mecque (630). Deux années plus tard, il rejoint de nouveau Médine à la fin d’un pèlerinage, il mourut le 8 juin 632. Il n’avait laissé qu’une jeune communauté, le souvenir de sa vie, de sa prédication et des révélations divines transmises à la mémoire à ses amis les plus fidèles.

 

 

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