et les ordres mendiants
L’une des expériences spirituelles fondamentales,
non seulement pour le Moyen Âge, mais pour l’Histoire en général, fut celle
franciscaine. Saint François d’Assise, patron de l’Italie, est considéré
par beaucoup comme le plus grand saint de l’histoire de l’Église, même
s’il est difficile de faire des comparaisons... En tout cas, cet homme, qui vécut
en plein Moyen Âge (1181-1226), de jeune et riche commerçant, se fit pauvre en
embrassant la Croix du Christ et en voulant lui ressembler, surtout dans la
pauvreté, dans l’obéissance et dans l’humilité. Il fut le premier saint
portant les stigmates que l’on connaisse, et son expérience secoua tellement
l’Europe Occidentale au point d’influencer de manière décisive le développement
de la civilisation communale, des universités, de l’art, avec la naissance et
le développement soudain des ordres mendiants (Franciscains et Dominicains). Le
Tournant spirituel crucial de Saint François se situe, à mon avis, dans le
partage de la pauvreté avec les pauvres des villes naissantes, dans l’humilité
d’approcher toutes les classes sociales et économiques de la bourgeoisie par
amour du Christ, dans un mot, dans
l’humanisation de la spiritualité chrétienne, vue comme participation à la
Croix du Christ, à ses souffrances. Ce n’est pas un hasard si le premier
grand cycle de la peinture occidentale moderne, les fresques de la Basilique Supérieure
d’Assise, sont inspirées par sa vie et l’oeuvre de Giotto constitue un
tournant décisif. La vie de Saint François, donc, racontée de façon
merveilleuse dans les célèbres « Fioretti »
[traduites en français et additionnées de riches notes par Alexandre Masseron,
ndt], constitue une lumière de spiritualité tellement riche d’implications
sociales, culturelles et religieuses qu’elle ne peut absolument pas être résumée
dans une page Web.
Très importante, même si elle nous est moins proche,
est aussi l’intuition de Saint Dominique de Guzman, un prêtre espagnol qui,
dans ces mêmes années, en traversant le Sud de la France, au milieu de l’hérésie
albigeoise et cathare, se rendit compte que le clergé avait besoin de
changement, de recommencer à s’instruire et à rendre raison à tous de la
foi, non pas par l’anathème, mais par l’étude, la prière, la pauvreté.
Ainsi est-ce sur ces bases qu’il fonda l’ordre des Frères prêcheurs, avec
l’intention d’immerger le clergé au contact quotidien avec le peuple, et
d’instruire celui-ci au moyen de la prédication (1215). L’expérience
spirituelle de Saint Dominique aura une influence déterminante surtout sur les
classes intellectuelles, appartenant à des familles nobles, et constituera le
noyau de la théologie scolastique, et du grand Tournant
intellectuel qui se réalisera au sein de la Sorbonne, à la Faculté
parisienne de Théologie, surtout grâce à Saint Thomas d’Aquin.
Saint Thomas d'Aquin Saint François d'Assise